L’Espérance de Tunis a participé au à la Coupe du monde des clubs Fifa. Elle n’a pas réussi à franchir le premier tour. Est-ce pour autant une raison pour enterrer le sport de haut niveau tunisien dans une discipline aussi exigeante que le football?
Jean-Guillaume Lozato *

Pendant le premier tour de ce qui semble avoir été une répétition pour la danse des sponsors, les Espérantistes ont bâti une aventure qui présente l’aspect d’un bilan mitigé.
Le tout premier match s’est vu sanctionné par une défaite qui reflète la situation générale : quelques dispositions contrebalancées par des phases de mauvaise gestion du temps hors et sur le terrain. Logiquement, les Brésiliens de Flamengo, guidés par le meilleur buteur de leur championnat, Arrascaeta, ont gagné, sans pour autant procurer une sensation d’écrasement malgré la domination du sujet.
L’opposition suivante a vu des Espérantistes contrarier les plans de l’équipe du Los Angeles FC dès les premiers instants de jeu, sachant tour à tour gérer et agir en dominateurs. Les locaux ont été défaits malgré leur volonté de s’accrocher jusqu’au bout. Le 1 à 0 en faveur des Tunisiens est très loin d’être immérité. Victoire obtenue grâce à un Youcef Belaili intenable et grâce au gardien Béchir Ben Saïd qui a détourné un penalty en toute fin de rencontre.
Des spectateurs perplexes
Malheureusement, Chelsea a anéanti tous les espoirs, lors de l’ultime match de poule, de pouvoir passer à la postérité. Sur un score sans appel de 3 buts à zéro pour les Anglais, obtenu en seconde mi-temps, malgré une possibilité d’égalisation de l’attaquant Youcef Belaili.
En ce qui concerne la manière, le spectateur lambda comme le plus fervent supporter se retrouvent perplexes. L’Espérance est-elle une formation avec quelques qualités ou bien est-elle si mauvaise que ça ? Y a-t-il un style de jeu tunisois hors des frontières ? Pour ces deux questions, la réponse commune est l’incertitude. À l’image du flottement caractérisant le marquage individuel lors des deux buts brésiliens et sur un des buts anglais. Quelques individualités sont bien ressorties. Ce qui n’a pas été suffisant au niveau de l’osmose collective, à l’exception de certaines séquences de jeu. Youcef Belaili, Mohamed Amine Tougai et Yann Sasse sont les étrangers qui ont su encadrer positivement leurs coéquipiers les plus en vue comme Bechir Ben Saïd ou Mohamed Amine Ben Hamida.
Dirigeants, entraîneurs et joueurs tunisiens doivent apprendre à consolider les acquis. Et cette expérience américaine a confirmé que certaines choses étaient possibles comme lors de la victoire sur Los Angeles, où évoluent des pointures comme Olivier Giroud et Hugo Lloris. Ce qui prouve indirectement que les Aigles de Carthage n’avaient pas triomphé de la France à Qatar 2022 uniquement grâce à un coup du hasard. Ce qui prouve que, sans se faire trop remarquer, les Aigles de Carthage auraient les moyens de surprendre car possédant une part d’indéfinissable.
Eviter les jugements expéditifs
L’EST a quitté les Etats-Unis à l’issue du premier tour. Mais il faut se garder des jugements expéditifs. «Pas mal mais peut mieux faire» serait le jugement le plus adapté pour résumer la situation.
Le football tunisien n’est pas dans une position de leadership pour le moment. Son équipe A a perdu 0-2 chez le poids lourd marocain. Espérons que l’expédition outre-Atlantique de l’EST servira à se forger d’autres points de repères et à mettre en garde l’effectif pour le Mondial 2030.
Relancer le championnat tunisien serait la première solution pour l’équipe nationale, contrairement à ce qui se passe en Algérie et au Maroc qui comptent plus sur les expatriés.
* Universiraire et analyste de football.
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