Qu’est-ce qui a amené l’ancien ministre du Développement économique et ancien gouverneur de la Banque centrale de Tunisie (BCT), Mustapha Kamel Nabli, à s’intéresser, qui plus est en ce moment, à la crise de la dette publique des années 1860 en Tunisie ?
L’auteur, professeur d’économie avant d’être acteur politique de premier ordre, avant et après la révolution de 2011, a certes aujourd’hui, dans le calme d’une retraite bien méritée, davantage de temps à consacrer à la réflexion et à l’étude, quitte à revêtir, cette fois, l’habit de l’historien pour traiter d’une question certes historique mais dont le caractère économique et financier aurait mérité davantage de traitement, ne fut-ce que pour en tirer les leçons qui s’imposent pour le présent et l’avenir.
Son nouvel ouvrage, ‘‘Une nouvelle lecture de la crise de la dette publique des années 1860 en Tunisie’’, récemment publié par l’Académie tunisienne des sciences, des lettres et des arts, Beit al-Hikma, traite de la nature de la dette publique durant les années 60 du 19e siècle en énonçant les causes majeures qui ont conduit à l’émergence de la crise, dont l’auteur analyse, également, la portée et les répercussions, d’autant qu’elle a mené à l’imposition, en 1881, du protectorat français à une Tunisie asphyxiée par une dette dépassant largement ses capacités de paiement, sa richesse nationale de l’époque se résumant aux exportations d’huile d’olive et dattes.
Dans son approche d’analyse, Mustapha Kamel Nabli a recours à plusieurs concepts et outils analytiques actuels pour décortiquer une crise qui a eu lieu il y a un siècle et demi et qui a eu d’énormes conséquences sur l’histoire de la Tunisie et dont les principaux acteurs, Sadok Bey, Mustapha Khaznadar et autres Mustapha Ben Smail sont tristement célèbres pour avoir accéléré par leur politique d’endettement la faillite du pays dont ils avaient la charge. D’où la dimension novatrice de cette étude qui examine une crise dans laquelle le politique et l’économique se chevauchent et qui est, à la fois, impactée par des considérations nationales, régionales et internationales.
L’auteur s’attache, ainsi, dans son ouvrage à une approche comparative avec les crises régionales et mondiales. Mais la comparaison avec la situation actuelle en Tunisie, pays surendetté et au bord de la cessation de paiement, si Mustapha Kamel Nabli ne s’y attarde pas, n’échappe pas cependant à la perspicacité des lecteurs, le choix du sujet n’étant pas en soi le fruit du hasard.
Le passé est censé éclairer le présent, si tant est que nous sommes capables d’en tirer les bonnes leçons pour éviter que les mêmes erreurs provoquent les mêmes catastrophes.
I. B.
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